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Be Online::Linking Morocco to the information world:::Le Blog de l'information au Maroc::By Mehdiz
26 mai 2007

Le prince et la poudre

Cette fois il n'y aura pas d'échappatoire. Certes, absent des trois dernières audiences successivement reportées, le prince saoudien Nayef Bin Fawaz Al-Shaalan ne se présentera pas au tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) mercredi 28 mars. Mais son procès et celui de neuf complices présumés visés par une vaste affaire de trafic de cocaïne entre la Colombie et la France aura bel et bien lieu.

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Agé de 53 ans, Nayef Bin Fawaz Al-Shaalan est soupçonné d'avoir transporté à bord d'un Boeing 727, immatriculé aux Bermudes et protégé par l'immunité diplomatique, 2 tonnes de cocaïne provenant de Colombie, déchargées sur l'aéroport du Bourget le 16 mai 1999 vers 6 heures du matin, après un détour par Riyad et Caracas. Défendu par Me Jacques Vergès, le prince, qui nie toute implication - "une machination orchestrée par les Américains", proteste-t-il -, ne sort plus d'Arabie saoudite. Un double mandat d'arrêt international délivré par les autorités américaines et françaises, le menace d'une interpellation au premier contrôle douanier. Or le personnage n'est pas un suspect ordinaire. Lui et sa famille sont liés, notamment par mariage, à la dynastie royale saoudienne. Petit-fils d'une des épouses de l'ancien roi Abdel Aziz, Nayef Al-Shaalan a épousé l'une des filles du vice-ministre de la défense saoudien, lui-même membre de la famille royale. Son frère est l'époux d'une des filles du roi Abdallah lui-même.

Selon l'accusation, l'affaire commence le 5 juin 1999. Ce jour-là, alertée par un indicateur, la brigade des stupéfiants investit dès l'aube un pavillon situé à Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne. Bien renseignés, les policiers mettent la main sur 804 kg de cocaïne. Une saisie record, mais la prise ne s'arrête pas là. Au cours de la perquisition, les policiers découvrent également 66 valises, de marque Samsonite, qui ont servi à emballer la marchandise. La fouille terminée, les hommes de la brigade des stups repartent avec les deux occupants de la maison surpris dans leur sommeil : le propriétaire, Patrick Louey, et un Colombien de passage, Gustavo Guarin Gonfrier. C'est ce dernier qui va mener les policiers au prince Al-Shaalan.

"HOMME À TOUT FAIRE"

Placé en garde à vue par la police judiciaire, Gustavo Guarin Gonfrier, natif de Santafé de Bogota, raconte qu'il travaille pour un cartel de Medellin, bastion colombien des puissants groupes mafieux qui contrôlent le trafic de drogue. Ingénieur chimiste, Guarin a débarqué en Europe en avril, à Madrid. Un dirigeant du cartel lui aurait ensuite ordonné de se rendre à Paris pour vérifier l'arrivage, attendu à la mi-mai, de 2 tonnes de coke.

En homme ordonné, l'ingénieur note dans son agenda le détail de son emploi du temps. Saisi avec la drogue dans le pavillon de Noisy-le-Sec, ce précieux document va aider les policiers. Guarin a tout écrit. Arrivé à Paris le 13 mai 1999, il s'installe à l'hôtel La Terrasse dans le 18e arrondissement. Deux jours plus tard, il rencontre Didier Dubreucq, petit malfrat de la banlieue nord, surnommé "Yeux bleus" et bien connu des services de police. Dubreucq - qui a déjà été condamné dans cette affaire lors d'un premier procès - réceptionne la cocaïne au Bourget le 16 mai et organise ensuite son transfert en divers points d'Europe. Repéré par les policiers, il est interpellé le même jour que Guarin.

Durant sa garde à vue, Guarin assure aux enquêteurs que ses employeurs ont évoqué devant lui un ressortissant du royaume d'Arabie saoudite qui disposerait de moyens sûrs pour transporter la cocaïne. Il fait état de relations établies par l'un des patrons du cartel avec une vague personnalité saoudienne qui serait proche du pouvoir. Sans connaître ni le lieu exact ni la date précise, il indique que la drogue a dû être chargée dans un avion privé en provenance d'Arabie saoudite qui devait se poser sur un aéroport parisien "vers" le 15 mai. Trois appareils qui ont fait escale au Bourget dans la nuit du 15 au 16 mai 1999 pourraient correspondre. Parmi eux, il y a le fameux Boeing 727 affrété par Nayef Al-Shaalan. Les policiers découvrent que ce jour-là, entre 4 h 38 et 6 h 50, une quarantaine d'appels téléphoniques ont été passés du Bourget sur le portable de Dubreucq. Nombre de communications étaient dirigées vers un numéro appartenant à un certain Mustapha Djaoui.

De nationalité algérienne, l'intéressé est le factotum - "l'homme à tout faire" comme il le déclare lui-même - du prince Nawaf Al-Shaalan, frère aîné de Nayef. Il s'occupe d'une des demeures de la famille saoudienne à Divonne-les-Bains (Haute-Savoie) sur les rives du lac Léman. Sa déposition devant la brigade des stupéfiants en décembre 2002 détaille les conditions de la livraison au Bourget des 2 tonnes de cocaïne. La veille en début d'après-midi, se souvient-il, Nayef Al-Shaalan lui a téléphoné : "Tu ramènes les trois Audi plus le mini-bus Volkswagen avec les chauffeurs à Paris. On vient le 16 au matin à 6 heures au Bourget." Mustapha poursuit : "Concernant les bagages, Nayef m'a dit que j'allais être contacté par quelqu'un qui allait venir avec deux fourgons."

Les repentis lLe matin du 16 mai, à l'aéroport, Mustapha constate effectivement la présence de deux camionnettes louées chez Budget, qui ont obtenu l'autorisation de se rendre près de l'avion. Des membres de la famille Al-Shaalan et d'autres passagers ont pris place dans les Audi et dans le minibus, avec leurs bagages personnels. Les autres valises sont placées dans les fourgons. "J'ai vu un grand nombre de valises", témoigne Mustapha. Le convoi file vers l'Hôtel Prince-de-Galles, un palace situé non loin des Champs-Elysées. Arrivé là, Mustapha découvre que les deux fourgons ont disparu. Ils ont été acheminés dans un hangar à Villemomble (Seine-Saint-Denis) et laissés là quelques jours, le temps d'inventorier la marchandise probablement. La famille Al-Shaalan jouissant d'un statut diplomatique, aucun contrôle douanier n'a été effectué : ni sur les personnes ni sur les bagages.

Nayef a été condamné le mercredi 9 mai à 10 ans de prison par la justice francais, neufs autres participants ont été condamné de 4 à 10 ans d'emprisonnement.

Nayef a été bien evidemment absent lors du jugement, il était accusé, sur la foi de déclarations de trois repentis colombiens.

                                                                 Source

                                                            webmaster ( texte adapté)

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